logo facebook

Chanter du gospel me fait oublier mon handicap

le mardi, 15 février 2022. Publié dans Point de vue

Chanter du gospel me fait oublier mon handicap

Depuis toute petite, le chant m’a toujours passionnée.

À l’école, nous chantions ensemble chaque mardi après-midi. Mais je détestais le genre de musique proposé. Je faisais tout de même un effort pour participer avec mes camarades. Par la suite, j’ai décidé de prendre des cours d’opéra. J’ai appris à poser ma voix et à lui donner plus de puissance. Cependant, cela ne me convenait guère, car je n’appréciais toujours pas ce style de musique ! J’étais très mal à l’aise et ne me sentais pas dans mon élément. De plus, j’étais très fatiguée, les horaires étaient trop matinaux. En effet, j’étais obligée de me lever à 4 heures du matin ! Les cours avaient lieu tous les mercredis à 5 heures. C’était inhumain ! J’ai donc rapidement abandonné.

Ce que je voulais, c’était chanter du gospel !

 


 

J’ai demandé à mon père et à mon éducatrice de m’aider à trouver une chorale. J’en ai rencontré une vingtaine durant des concerts. Après avoir écouté leurs magnifiques prestations, j’étais très touchée et émue jusqu’aux larmes. J’avais des frissons dans tout le corps. Je me suis présentée aux différents chefs de chorales et je leur ai expliqué ma démarche.

Finalement, j’ai pu passer une audition. Le chef de chorale m’a dit : « Celya, ne réfléchis pas, chante tout de suite ce qui te passe dans la tête ». Et me voici toute tremblante, les larmes aux yeux. Je sentais mon cœur battre à 1 million de battements à l’heure ! Il m’a dit : « Ne t’inquiète pas, prends tout ton temps et recommence autant de fois que tu le souhaites ». Et c’était parti, j’ai interprété « Summertime » de Louis Armstrong et Ella Fitzgerald. À la fin de de la chanson, plus personne ne parlait. J’ai pensé : mince, zut, oh mon dieu, j’ai complètement raté ma prestation ! Et soudain, le chef m’a dit : « sais-tu passer facilement du soprano à l’alto ? » Je lui ai dit oui, avec un sourire timide aux lèvres. « Montre-le-moi ! », me dit-il ! Et je le lui ai prouvé. Il était très satisfait et m’a souhaité la bienvenue dans la chorale « Hair Gospel » ! J’ai pleuré de joie !


 

Grâce aux efforts acharnés de mon père, me voilà chanteuse dans une magnifique chorale de gospel ! Dès le premier jour, le groupe m’a très bien accueillie. J’ai été bien acceptée malgré mon handicap physique et visuel. Vanessa, la fille de mon chef de chorale, m’a prise sous son aile jusqu’à la naissance de son bébé. Ensuite, c’est Nathalie, une autre chanteuse, qui a pris le relais.

Mon père et mon petit frère me déposaient tous les vendredis en voiture à Thônex pour mes répétitions. Elles commençaient à 20 h pour se terminer à 22 h. Nous chantions en anglais, en français, en italien, en espagnol, en allemand et en portugais. À la fin de la répétition, nous nous rassemblions pour prier.


 

Nous avons fait des concerts dans la Vieille-Ville de Genève, à la salle communale de Plainpalais et au centre commercial de la Praille. À chaque concert, toute ma famille et mes connaissances étaient fidèles au rendez-vous. Il y avait même des gens que je ne connaissais pas du tout. Le public oubliait ses problèmes et son stress. Il se sentait apaisé et libre.

Mon chef de gospel nous expliquait que pour nous reconnaître facilement, il voulait que nous nous habillions en noir et bleu. Sauf pour le concert de Noël, où nous étions en noir et rouge. Mon entourage jouait le jeu à chaque fois.

Cette activité m’apportait beaucoup de joie et de plaisir. J’étais à chaque fois impatiente d’y retourner, car je retrouvais des amis que j’appréciais très particulièrement. C’était ma deuxième famille.


 

Chanter me permettait d’oublier mon handicap. J’avais l’impression d’être une personne comme les autres. Je me sentais à l’aise. Ce qui m’émouvait le plus, c’est lorsque mon chef de chorale prenait mes mains et dansait avec moi. Il faisait tournoyer ma chaise roulante. Sa fille Vanessa disait à tout le monde : « Celya, c’est ma protégée ! » Il y avait aussi Patrick, le clown de service ! Il nous faisait tous rire. Malheureusement, il a dû quitter la chorale et j’étais triste.

Cependant, à mon grand regret, les cotisations élevées m’ont empêchée de poursuivre cette activité épanouissante. De plus, le chef et toute sa famille sont retournés vivre au Brésil.

Actuellement, mon envie de chanter est toujours aussi présente. Je suis à la recherche d’une chorale de gospel dans laquelle je puisse à nouveau m’épanouir.

Le saviez-vous ?

Le gospel est un chant religieux chrétien protestant qui est composé de quatre chanteurs, deux ténors, un baryton et une basse. Il se développe d’abord chez les Afro-Américains et les blancs du Sud. Gospel signifie « évangile », c’est-à-dire « appel de Dieu ». C’est une expression de la souffrance des noirs récemment émancipés, mais encore sous l’autorité des blancs. Depuis les années 1870, les instruments sont de plus en plus présents dans les églises : orgues, instruments à cordes, claquements des mains et mouvements du corps.

Galerie Vidéo

Version audio