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À Genève, la dentophobie se fait toujours plus timide: hypnose ou gaz hilarant?

le jeudi, 15 février 2024. Publié dans Point de vue

À Genève, la dentophobie se fait toujours plus timide:  hypnose ou gaz hilarant?

« Les peurs des patients sont vastes et variées et nous proposons l’hypnose pour aider ces patients lors des interventions dentaires. Nous utilisons des techniques d’hypnose thérapeutique, mais nous pouvons également proposer l’utilisation du protoxyde d’azote ( N20/ gaz hilarant) ou aller jusqu’à l’anesthésie générale que nous nous efforçons d’organiser sur place pour renforcer le confort de nos patients. 

L’avantage de l’hypnose, et en particulier de l’auto- hypnose, réside dans la capacité du patient à gérer toute situation stressante sans être dépendant d’une machine.

Rappelons-nous que le patient est acteur et collaborant dans l’hypnose, contrairement au protoxyde d’azote où il reste passif et dépendant.

Il nous arrive de travailler également avec des psychologues et psychiatres, la phobie dentaire masquant souvent d’autres problématiques… »


 

Depuis 2020, l’hypnose couronne ce Centre-Médico Dentaire sans limitation d’âge. Elle est mise à disposition des adultes, enfants et même des personnes âgées.

Sara Hauser nous ouvre les portes d’un royaume infini « toutes les techniques sont possibles et concernant l’hypnose, il est possible de l’utiliser de différentes manières. »

En effet, il s’agit d’une méthode très intéressante, car elle s’adapte à chacun, à chaque peur, s’insinuant même dans les chemins autres que les phobies comme par exemple chez le petit enfant pour arrêter de sucer son pouce.

L’approche hypnotique se révèle très utile pour toute sorte de phobie liée aux soins dentaires, pour contrôler et soulager la douleur, pour la gestion des hémorragies ainsi que pour la réduction de parafonctions telles les réflexes vomitifs et la succion du pouce.


 

Au Centre-Médico Dentaire Balexert, il s’agit souvent d’une hypnose organisée. Sara Hauser décrit le cursus du petit programme hypnotique très bien, c’est- à-dire en plusieurs stades, puisque l’hypnose est déjà demandée par le patient dentophobe à la prise de rendez-vous.

Le premier chapitre de cette thérapie cognitive brève, comprend l’identification des traitements dentaires indispensables avec une discussion concernant la difficulté qui empêche le patient d’avoir le geste nécessaire; puis vient l’explication concernant l’hypnose-même ( qu’est-elle et que n’est-elle pas). Le tout menant à un établissement de programme de prise en charge, dont le but final reste le soin dentaire.

Au deuxième chapitre, Sara Hauser décrit l’intervention en question « Le plus souvent c’est le dentiste hypno-thérapeute qui guide l’hypnose et réalise le traitement dentaire. Dans certains cas, on recourt à une activité conjointe de deux dentistes et lorsqu’il est vraiment nécessaire, il est possible une collaboration avec psychologues et psychiatres. »

Mais comment par exemple entendre la voix du dentiste hypnotiseur lorsqu’une turbine provoque un bruit fracassant allant de 40 000 à 100 000 tpm?

Sara sourit et réplique « Quand je fraise, généralement je ne parle pas ou peu et le patient entend toujours ce dont il a besoin. Tout bruit « étranger »vient à être intégré dans la transe, le patient étant déjà préparé préalablement et désormais dans sa « safe place »( zone de confort); ce n’est plus une voix qui l’accompagne mais un bruit. »

Restons attentifs au fait qu’il y a vraiment une fusion entre l’hypnose et le soin dentaire. Cette dernière « réduirait aussi les saignements et induirait à une meilleure cicatrisation » nous affirme la dentiste omnipraticienne; « elle irait jusqu’à diminuer considérablement les réflexes vomitifs. »

Mais qu’en est-il du grand paradoxe entre l’hypnose et trop de salivation?Que cette approche puisse réduire la salivation est « partiellement vrai » avoue la dentiste « mais il ne faut pas oublier que lorsque le corps se détend, c’est le système parasympathique qui prend le dessus, et étant aussi le système responsable de la digestion, de la salive est nécessairement produite. »

Enfin, l’hypnose est très intéressante parce qu’elle s’adapte à chaque problème, mais aussi à chaque « peur », non seulement à celle de la douleur.


 

Cependant, les patients les plus complexes demandent encore le protoxyde d’azote qui peut venir compléter la prise en charge.

Le Centre-Médico Dentaire Balexert utilise une machine permettant un réglage fin du mélange protoxyde d’azote-oxygène pour mieux s’adapter à chaque patient.

On retrouve le N20 surtout dans les grands centres, dû à l’amortissement du coût; comme chez Whitening Artists, rue du Rhône, où l’hygiéniste Laura Chiavazza nous confirme son utilisation surtout chez les enfants.

Enfin, l’hypnose reste l’outil supplémentaire pour aider les patients à surmonter des difficultés différentes ( peur de la douleur, phobies dentaires diverses, etc.)

La dentophobie s’estompe à grands pas et les visites chez le dentiste ne deviendraient-elles pas presque un instant de plaisir « enchanteur », comme dans un rêve…