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Dans la peau d'une gazelle dama

le vendredi, 28 avril 2023. Publié dans Point de vue

Photo-montage réalisé avec Midjourney

Madame Princesse Amour, une authentique gazelle dama donne rendez-vous à l’équipe de Synergies, au Tchad, pour une interview spéciale au 9, chemin du Désert.

Présentez-vous en quelques mots s’il vous plaît
Bonjour à toute la rédaction de Synergies. C’est un grand plaisir de vous accueillir chez moi sur ces terres arides. Je m’appelle Princesse Amour. J’ai 7 ans, je suis Tchadienne et suis l’heureuse maman de 2 petits faons. J’appartiens à la famille des antilopes et je suis fière d’être la plus grande des gazelles d’Afrique.

Quelle est l’origine du mot gazelle ?
Ce mot vient de l’arabe ghazâl. Pour les humains, nous symbolisons la grâce, l’agilité et l’innocence. Oui, je me trouve très gracieuse, vous ne trouvez pas, chers journalistes ?

Comment vous décririez-vous ?
Voyons voir… quand je vois mon reflet dans le miroir, je me dis que j’ai de belles et longues pattes. Je suis mince avec un corps gracieux, telle une reine de beauté. Je mesure 1m40 de long et pèse 45 kg. J’ai de petites cornes de 30 cm. Je les trouve ravissantes. Mon dos est de couleur sable contrastant avec le blanc de mon ventre. Ma queue est plutôt courte et son extrémité est teintée de noir.

Vivez-vous en communauté ?
Oui, nous sommes très sociables. Cependant, il peut nous arriver de nous isoler de temps à autre. Nous vivons souvent en groupe. Nous migrons chaque année en fonction des saisons à la recherche de nouvelles sources d’alimentation. Chez nous, c’est mon mari qui domine notre troupeau. Il est le mal alpha. Par ses 1m80 de long et ses 75 kg, il s’impose par la force. Ses grandes cornes de 70 cm prennent la forme d’une lyre ce qui lui confère une stature majestueuse qui impose le respect des autres mâles.

Dans quelle région vivez-vous ?
Mon espèce est présente dans de nombreux pays d’Afrique : Tchad, Niger, Mali, Algérie, Maroc, Burkina Faso, Égypte, Libye, Mauritanie, Sénégal et Soudan. Nous habitons principalement dans les zones désertiques où l’on trouve de l’acacia, car nous en raffolons.

Quel est votre plat préféré ?
Je suis une véritable herbivore. Pour le petit-déjeuner, je déguste des feuilles des buissons. À midi, j’opte plutôt pour des herbes et au dessert, je me délecte des graminées. Quand il fait chaud, j’adore manger des petits melons. C’est très hydratant et rafraîchissant. Il m’arrive de me dresser sur mes pattes arrière afin d’atteindre et de dévorer les feuilles des arbres. Je suis une grande gourmande ! De plus, je n’ai pas beaucoup besoin de boire, car je trouve dans cette végétation la grande partie de mes besoins en eau.

Quelle est votre espérance de vie dans la nature ?
Nous vivons entre 10 et 12 ans. Mais certaines de mes connaissances en captivité vivent jusqu’à l’âge de 19 ans. On pourrait dire que notre vie est plutôt courte, mais elle est riche en émotions.

Il paraît que vous avez un bon niveau sportif, pouvez-vous nous en dire plus ?
En effet, j’adore courir et bondir. D’ailleurs, je ne crains pas le lion, car je peux faire des pointes à 100 km/h. Mon seul rival est le guépard !

Comment se sont passées vos grossesses ?
Pour mes deux bébés, la période de gestation a duré 5 mois. Je dois faire très attention pendant l’accouchement. Pour dissimuler mes petits de la vue des prédateurs, je dois accoucher dans une parcelle à hautes herbes. Par chance, notre espèce est nidifuge. C’est-à-dire que mes petits arrivent à se déplacer rapidement après être sortis de mon ventre. Comme ça, en cas de danger, nous pouvons prendre la poudre d’escampette.

L’allaitement de mes faons dure 6 mois. Ensuite, ils sont libres de vivre leur vie à leur guise. Chez nous, les gazelles dama, les choses se font très rapidement. Entre 12 et 24 mois, mes enfants atteignent déjà la maturité sexuelle. Oh oui… c’est très rapide… mais que voulez-vous… je ne peux rien y faire…

Êtes-vous une espèce en danger ?
Oui, malheureusement, nous sommes une des espèces les plus menacées dans le règne animal. Nous sommes d’ailleurs inscrites dans la fameuse liste rouge de l’UICN « l’Union internationale pour la conservation de la nature » comme des animaux en danger d’extinction.

Pouvez-vous nous donner quelques chiffres afin que le public se rende compte de la gravité de la situation ?
Oui bien sûr. Nous sommes moins de 300 gazelles dama vivant à l’état sauvage. Cela me fait mal au cœur !
Les causes principales de ce désastre sont la chasse et le braconnage. Cela est aussi dû au surpâturage du bétail domestique. De plus, le changement climatique amène de fortes sécheresses qui rendent notre nourriture pus rare.

Nous sommes très sincèrement désolées pour vous, Princesse. Y a-t-il une solution à vos problèmes ?

Il existe des programmes de réintroduction des gazelles dama, comme le projet Oryx au Tchad, qui nous donnent beaucoup d’espoir !

Avez-vous un message à faire passer ?
Je demande juste qu’on nous laisse vivre notre vie tranquillement pour que nous puissions vivre en paix.