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Avoir une déficience visuelle et conduire ?

le vendredi, 28 mai 2021. Publié dans Point de vue

Avoir une déficience visuelle et conduire ?

Peut-on conduire en étant aveugle ou malvoyant ? Celya Mbembe mène l’enquête.

Je suis moi-même non voyante et en situation de handicap. Malgré cela, j’adore les voitures et j’ai toujours souhaité en conduire une.

Ma collègue Celia, formatrice en informatique, est malvoyante. Elle a eu l’occasion de piloter des automobiles sur un aérodrome spécialement aménagé, au Tessin.

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Les moniteurs qui accompagnent Celia Redondo dans sa conduite

« Des moniteurs d’auto-écoles ont accepté de participer à ce projet. Nous étions quelques personnes malvoyantes et non voyantes. Nous avons pu conduire chacun à notre tour avec un moniteur.  

Ils ont adapté leur pédagogie de conduite pour les malvoyants et les non-voyants. Ils utilisaient la méthode des heures pour nous faire tourner le volant et nous indiquaient la direction à prendre.

Nous avons appris par exemple à sortir d’une place de parking, à nous garer, puis à rouler. Une année, j’ai eu assez de place pour faire de la vitesse. Le moniteur m’a encouragée. J’ai pu faire des pointes de 150 km/h en ligne droite. C’était une chouette expérience et une belle sensation !
Au début des années 2000, quelqu’un est venu avec une des seules Ferrari à double commande. J’ai pu tester sa conduite. C’était très impressionnant ! J’ai eu énormément de plaisir à le faire.

Je me suis rendu compte que j’étais capable de conduire. J’étais fière de moi, même si j’avais un petit pincement au cœur à la fin du séjour, car je suis consciente que je ne pourrais sans doute jamais conduire comme tout le monde. En partant, j’ai dit à ma mère pour la faire rire que c’était moi qui prenais le volant. »

Ce qui se fait aujourd’hui
À l’heure actuelle, la conduite automobile pour personnes non voyantes et malvoyantes se déroule uniquement sur des circuits. Les personnes sont accompagnées par des moniteurs et monitrices spécialisés dans ce domaine. Certaines voitures sont construites spécialement pour les personnes avec un handicap visuel. Par exemple, les vitesses sont écrites en braille ou en relief. Le moniteur doit être très concentré, patient et attentif avec son apprenti conducteur. Pour le guider, il explique comment va se passer la leçon de conduite. Il lui fait toucher où sont les vitesses, le volant et le frein à main. Les individus qui voient doivent faire attention à la route, alors vous imaginez que ceux qui ne voient pas ou très mal doivent être mille fois plus attentifs.

Mon rêve
Quand j’étais petite, mon père chéri me mettait souvent sur ses genoux et me faisait conduire avec lui. J’étais très excitée, mon cœur battait à 100 000 à l’heure. Quand on partait à Annemasse pour faire un tiercé, il me disait de rester dans la voiture. Je m’amusais à klaxonner jusqu’à ce qu’il revienne.

Peut-être qu’à l’avenir, grâce à la technologie, nous aurons la possibilité de conduire des voitures autonomes même avec un handicap visuel. Je pourrais alors passer mon permis de conduire. Ainsi, on me compterait dans la fameuse liste familiale des conductrices. J’emmènerais en vacances toute ma famille, mon petit ami, mes amis et ma bénévole.

Celya Mbembe

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