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Un exosquelette portable pour retrouver l’autonomie de la main

le lundi, 21 juin 2021. Publié dans High Tech, Sciences et technologies

Un exosquelette portable pour retrouver l’autonomie de la main

Rencontre avec Luca Randazzo et Iselin Frøybu, cofondateurs de la société Emovo Care. Ceux-ci ont testé leur exosquelette de la main, l’Emovo Grasp, avec un collaborateur du secteur Édition de la Fondation Foyer-Handicap.

Emovo Care
Emovo Care est une start-up suisse de robotique développant des dispositifs d’assistance pour aider les personnes handicapées motrices dans leur vie quotidienne. Ces appareils sont conçus pour leur permettre d’être actives et indépendantes à la maison.

« Notre premier produit commercialisé est une orthèse portable qui ouvre et ferme activement la main. Elle est destinée aux personnes dont la fonction de la main est limitée. Il est développé en collaboration avec l’EPFL », explique Luca Randazzo.



Conception
L’inspiration de ce dispositif provient de l’expérience que Luca a eue avec sa sœur, née prématurément à sept mois et atteinte de paralysie cérébrale. « Un jour, alors que j’étais à ses côtés, ma sœur voulait prendre quelque chose en tendant sa main, mais n’y arrivait pas. J’ai compris, à ce moment-là, toute l’importance d’une main fonctionnelle. J’ai alors commencé à travailler sur un exosquelette. C’est le défi que je me suis lancé », se souvient-il.
Cela aboutit à un dispositif léger qui permet au patient de saisir de petits objets du quotidien. Il peut aussi être utilisé comme moyen thérapeutique de rééducation.

Les bénéficiaires doivent être suffisamment autonomes pour qu’ils puissent l’utiliser sans aide extérieure.

« Nous avons testé avec succès l’Emovo Grasp avec des personnes atteintes de sclérose en plaques, d’hémiparésie suite à un AVC ou de paralysie cérébrale. Nous nous sommes rendu compte du bénéfice immédiat de ce dispositif », souligne Iselin Frøybu.

Le système proposé permet une sensation naturelle du mouvement de la main, grâce à des tendons artificiels qui peuvent à la fois ouvrir et fermer activement les doigts.

Il comporte trois parties : l’exosquelette, les attaches corporelles et un contrôleur.

EmovoGrasp 202003

  1. L’exosquelette est composé de tendons artificiels qui ouvrent et ferment la main, et une unité de contrôle placée sur la taille. L’électronique, la batterie et les moteurs qui actionnent les tendons sont contenus dans l’unité de contrôle. Ceci permet de réduire le poids du dispositif sur la main et d’être imperméable.
  2. Les attaches corporelles sont composées de tissu doux et confortable : un gant et un bracelet que l’utilisateur peut mettre et enlever de façon autonome. Il est lavable. Les tendons peuvent être facilement attachés et détachés du tissu.
  3. Le contrôleur est une télécommande avec des boutons poussoirs qui permettent de contrôler de manière autonome l’amplitude des mouvements désirés.

Le système est très léger sur la main (il pèse entre 50 et 100 grammes). L’unité de contrôle placée sur la taille pèse moins de 500 grammes. Les matériaux sont biocompatibles avec la peau. La gaine qui contient les câbles est en métal. Le boîtier est en plastique recouvert par des tissus.

« Nous travaillons avec des designers pour améliorer son look. Ainsi, l’utilisateur pourrait le personnaliser à sa guise. Nous pensons qu’il doit être joli et cool. Il ne doit pas être vu comme un dispositif extraterrestre que l’utilisateur aurait honte à porter », argumente Iselin.



Coût et commercialisation
Le but est de créer un dispositif accessible financièrement, proche du prix d’un smartphone ou d’un ordinateur portable.

L’Emovo Grasp est médical et doit respecter les normes européennes avant d’être disponible sur le marché. Comme il s’agit d’un moyen auxiliaire, il faut s’assurer qu’il soit pris en charge par les assurances.

Actuellement, il n’est pas remboursé en Suisse.

« Nous prévoyons de le vendre sur internet, ce qui permettrait de nous passer de distributeurs et faire des économies », espère Luca.

Développement
Les prototypes ont été développés en collaboration avec des hôpitaux ou des cliniques, à l’instar de la Suva et l’Hôpital du Valais, à Sion et le CHUV à Lausanne. Des feed-back ont été demandés aux médecins, aux ergothérapeutes et aux physiothérapeutes. Depuis 2019, cette collaboration s’intensifie.

« Bien évidemment, nous ne pouvons pas résoudre toutes les problématiques. En tant qu’ingénieurs, nous devons limiter notre champ d’action pour être le plus efficaces possible. Le travail avec les utilisateurs nous aide beaucoup. Nous travaillons actuellement à 100 % sur le projet. Nous cherchons toujours des personnes pour tester et donner des retours sur nos dispositifs », concluent Iselin et Luca.



L’Emovo Grasp testé par Leandro

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Leandro Velazquez (à gauche) est graphiste à l’atelier des Voirets, dans le secteur Graphisme et édition. Hémiplégique, il a peu de mobilité avec son bras gauche.

 « L’Emovo Grasp n’est pas fonctionnel pour la vie quotidienne, mais est très pratique pour des séances de physiothérapie et d’ergothérapie. Il permet d’intensifier les connexions bras-cerveau et stimuler la spasticité cérébrale. Par contre il n’est pas très confortable pour une longue durée, car les bagues sont en plastique dur et peuvent couper.

Une application chargée sur le smartphone permet de contrôler l’ouverture et la fermeture de la main ainsi que la vitesse des mouvements. Je peux l’installer facilement tout seul.

Cela faisait plusieurs années que je n’avais pas eu l’occasion de bouger les doigts de la main gauche.

Pour la suite, les ingénieurs d’Emovo Care prévoient de réaliser des anneaux plus confortables et de rendre le dispositif plus joli.

Ils me recontacteront pour de nouveaux essais. Je suis très satisfait de cette collaboration ».



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Pour plus d’informations :
emovocare.com