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Rivière

le lundi, 19 avril 2021. Publié dans Culture et loisirs, Contes

Rivière





Un conte de Corinne Edjeou

Chapitre 1



Au cœur d’un glacier, une petite étincelle de vie grandit doucement dans les merveilles des glaces éternelles. Elle est le fruit de l’amour de la Nature et du Temps. Elle va bientôt prendre sa source et faire son long voyage. Un beau jour de printemps, elle ouvre les yeux.

Chapitre 2





Son nom est « Rivière », elle s’émerveille déjà de tous les cadeaux que mère Nature lui offre. Elle est déjà éveillée et connectée à notre monde et commence à grandir.

Chapitre 3





À peine sortie de sa caverne natale, elle observe, impressionnée, le monde qui l’entoure et ce que la vie lui donne. Pure et innocente, fragile comme un ruisselet naissant.

Chapitre 4





Guidée par son instinct, la petite découvre l’insouciance de l’enfance et les découvertes de la nature et de toutes les créatures qui peuplent ce monde. On l’entend courir et rire aux éclats dans les champs fleuris. Il y a comme le tintement d’un petit ruisseau cristallin qui dévale la prairie.

Chapitre 5





Rivière dévale dans les vallées et le temps passe. Elle saute des cascades et danse dans les torrents, la fougue et la liberté de toute son enfance, et sa joie de vivre.

Chapitre 6





Un jour, mère Nature lui rappelle qu’elle fait aussi partie du cycle de la vie. Son corps change, c’est étrange pour elle. Rivière croyait pouvoir rester enfant toute sa vie. Elle doit s’adapter à ce corps qui change où ses rives s’éloignent et ses courbes s’arrondissent. Elle devient un petit bout de femme. Ses cheveux teints en rouge de son premier automne, elle continue son chemin.

Chapitre 7





Elle prend confiance en elle et se pare de la beauté de la nature telle une adulte en devenir. Une charmante jeune fille qu’on peut croiser sur les berges tels un mirage ou un rêve pur et innocent. Elle apprécie la couleur de cette saison et du temps qui passe. L’automne n’est que le recyclage pour la prochaine année. C’est tellement beau, rien ne meurt.

Chapitre 8





En devenant adulte, on découvre son corps, c’est tout un univers à l’intérieur et ça devient plus profond, désormais la vie coule en elle aussi.

Chapitre 9





Un jour, tout change et se glace. Un silence blanc et une période de repos pour soi-même. Rivière apprend à apprécier cette saison qu’est l’hiver. Une saison de repos pour les humains et la nature. Elle est absorbée par cette beauté féérique hivernale.

Chapitre 10





Un jour, on s’aperçoit que la vie réserve des surprises pas sympas, ce n’est pas si magnifique. Les périodes de misère peuvent arriver n’importe où et surtout à n’importe qui. On ne choisit pas ces choses-là. Un petit être vient de perdre sa mère, dévorée par les loups dans une marée cruelle de sang. Un adorable petit phoque blanc, bien malheureux.

Chapitre 11





Rivière, triste et accablée en voyant cette souffrance et cette cruauté, voit toute la peine du monde dans le regard du petit animal et lui promet que plus personne ne l’abandonnera jamais. Elle le sert contre elle et l’emmène avec elle dans son périple. Elle le réconforte du mieux qu’elle peut. C’est la première fois qu’elle s’occupe d’un être vivant quelle que soit sa forme et d’où qu’il vienne… c’est naturel. Elle apprend la compassion et l’amour de son prochain. C’est aussi cela être mère.

Chapitre 12





Rivière prend soin de son protégé et lui donne toute la tendresse du monde et l’attention qu’un enfant mérite. Elle lui donne des jours lumineux malgré cet hiver qui ne semble pas finir, aussi beau qu’effrayant. Rivière commence à entendre un appel lointain comme une voix familière ou celle d’un parent. Cette voix, elle la connaît d’instinct. Elle sait très bien qui c’est, cette voix ne l’a jamais quittée depuis le début. Le printemps n’est pas loin.

Chapitre 13





La belle saison est revenue, les deux amis profitent des bons moments passés ensemble et grandissent ensemble. Ils sèment la joie de vivre et l’amitié à tout courant, ça rend la vie bien plus douce et ils se soutiennent aussi. C’en est fini de la mauvaise saison de la vie. Tout finit par passer avec la force de l’amitié.

Chapitre 14





Tôt ou tard, mère Nature revient faire son travail. Fleur bleue et rencontre, l’amour arrive à tout le monde. Petit phoque devenu grand croise son destin avec un autre. Il a trouvé une compagne pour retrouver ce qu’il a perdu aussi. Une séparation et un déchirement comme pour toute mère, mais cela fait partie de la vie de toutes les mamans.

Chapitre 15





Rivière ne peut pas refuser ce moment si unique à son compagnon et le priver de son bonheur, car ce serait égoïste et contre nature. Elle le laisse partir à sa majorité, sans regret, comme si c’était son propre enfant, avec sa compagne. Malgré sa tristesse, ces moments heureux resteront à jamais gravés dans sa mémoire.

Chapitre 16





Un chagrin de séparation et d’amour ne dure pas toujours, il faut en faire le deuil, ce n’est jamais facile. Notre amie reprend sa vie, petit à petit, sa vie de femme indépendante et déesse des eaux à présent. Elle gagne en force et en beauté. Chaque jour qui passe, elle règne avec sagesse et calme et protège tous les habitants de son lit qui est son royaume. Le souvenir de sa jeunesse la fait sourire. Elle fait bien d’autres rencontres et crée de nouveaux liens.

Chapitre 17





C’est une période calme, un grand fleuve tranquille qui s’écoule paisiblement parmi les plateaux et les forêts. Tous les habitants du royaume de Rivière sont heureux et font leur vie librement. Elle passe aussi par-delà les villages et les villes, des hectares de fermes. Elle fait son quotidien et s’écoule vers sa destination. Chaque plante et créature a sa place.

Chapitre 18





Le courant de la vie emporte Rivière et la marque à présent. Elle est devenue une très grande dame, la sagesse a donné un éclat d’argent à ses cheveux et ses traits se tirent vers la terre. De son expérience, elle offre ses fruits qu’elle porte aux humains et leur amène prospérité, rêve et voyage sur son large ventre et dans ses grands bras. Elle est Maître de son destin et devient impératrice des Eaux. Elle entend cette douce voix se rapprocher de plus en plus.

Chapitre 19





Elle arrive au bout de son voyage, émerveillée devant la vaste étendue de l’océan. Elle n’existerait pas sans lui, le Maître absolu de la vie et de toutes les choses sur terre, le Maître du « cycle de l’eau ». Cette eau qui lui a donné la vie. Elle voit enfin sa destination apparaître au loin, sa mère qui l’appelle et la guide si souvent. Une joie immense.

Chapitre 20





Sa mère, la vie qui peuple l’océan, l’invite à venir près d’elle pour régner ensemble. Elle l’accueille à bras ouverts, cette enfant qu’elle a tant attendue. Rivière lui raconte son aventure et sa vie désormais écoulée et lui offre tout son amour et sa joie. L’amour que donne une fille à sa mère.

Chapitre 21





La mère de Rivière, si heureuse de tant de bonnes nouvelles du Monde et des histoires de sa fille, ferme ses yeux remplis d’émotion et fait un vœu : Retourne vers les cieux et repars voyager parmi les monts et vallées, car tu incarnes le cycle éternel de l’eau. Redonne-moi des nouvelles de ces contrées et revis ta vie à l’infini. Retourne dans les cieux en vapeur et inonde la terre de ta pluie fertile pour les humains et renais au cœur de la montagne et de la terre que tu aimes tant. Le cycle de l’eau est comme la vie d’une femme.

Corinne Edjeou, une autodidacte passionnée de manga

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Corinne Edjeou travaille aux secteurs Création et Horticulture de la Fondation Foyer-Handicap.

Elle a toujours aimé dessiner : «A l’âge de 12 ans, j’ai été influencée par les mangas qui passaient à la TV. J’ai développé mon art en autodidacte», dit Corinne. «Avec la peinture, je peux m’exprimer. J’essaie de faire passer un message, de partager des idées et de faire sourire. Le monde est assez triste comme cela.», poursuit-elle.

Dans ses dessins, elle utilise diverses techniques comme par exemple l’encre de Chine, la gouache ou l’acrylique. L’écriture intéresse également Corinne : «J’essaie de retranscrire par écrit ce que je peins. Parfois, c’est le contraire», souligne-t-elle.