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Geronimo et les chevaux sauvages – première partie

le mardi, 24 mars 2020. Publié dans Culture et loisirs, Contes

Geronimo et les chevaux sauvages – première partie

Il était une fois un petit garçon amérindien qui voulait garder les chevaux sauvages de Francisco Gomez, un grand propriétaire espagnol. C’était dans le sud du Nouveau-Mexique près du pic Sierra Blanca dans les Sacramento Mountains sur une « mesa » semi-désertique où se promènent beaucoup de chevaux. Il s’appelait Geronimo. C’était un Indien Apache de 8 ans.

Un jour, Geronimo va auprès de Francisco et lui demande s’il pourrait dompter l’un des chevaux sauvages qui se trouve sur les terres de celui-ci.

Francisco lui dit : « Mais tu es trop petit ! » Geronimo lui répond : « Oui, je n’ai que 8 ans. Mais j’aimerais garder vos chevaux, quand même. Je me sens assez fort pour relever ce défi, oui !! »

Le propriétaire est surpris et se met à rigoler, attendri par le garçon.

« Est-ce que tu es vraiment sûr de ce que tu demandes ? C’est vraiment ce que tu souhaites ? Mon petit, sache que si tu commences, il n’y aura pas de retour en arrière. En effet, ça doit être un véritable engagement pour toi, car mes chevaux demandent beaucoup d’attention et de patience et plus d’un a déjà essayé sans succès, ils ont dû abandonner », dit Francisco.

Geronimo répond : « Oui je sais tout ça, mais j’ai un don. »

Le propriétaire interloqué est de plus en plus surpris et il a un fou rire. « Mon petit, lui dit-il, alors viens demain à la première heure du soleil. Je n’accepterai pas une seconde de retard. » « Oui Monsieur Francisco ».

Geronimo rentre chez lui. Il vit avec ses parents. Leur maison aux murs de pierre, de paille et de terre, est au pied de la montagne, dans un pueblo.

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Le petit garçon va vers son père et lui raconte tout. Celui-ci lui dit : « Méfie-toi des Espagnols, mon fils, ils sont impitoyables. » « Papa, je me sens fort, ne t’inquiète pas. »

La maman qui est en train de cuisiner dit : « J’ai peur pour toi, Geronimo. Je connais Francisco, et même très bien, il est sévère, mais il te donnera à manger. » Geronimo ajoute : « Maman, n’aie pas peur. Je vais aussi vivre dans sa ferme et je travaillerai bien, alors il sera gentil. »

Après cet échange avec les parents, ils se mettent à table, puis la nuit passe. Geronimo qui se sent effrayé, qui se sent nerveux de par les événements, qui est curieux également pour ce qui va suivre dans sa vie, dort très mal. Le matin, il part de nuit sans prendre de petit déjeuner.

Il arrive auprès de Francisco et lui dit : « J’ai faim ! Donne-moi à manger avant de commencer ! » Le propriétaire réagit ainsi : « Mais tu n’as pas mangé chez toi ??!! » « Ben, non ! Pas encore ! »

Francisco soupire. Il pense : « Dans quoi je me suis mis ? » Mais il amène Geronimo dans sa ferme et dans la cuisine, il lui donne du fromage de chèvre et du pain. « Merci, dit le garçon, c’est très bon ! » « Bon ! Quand tu auras fini de manger, on prendra un lasso et le casse-croûte que ma femme a préparé. C’est toi qui le porteras. Les chevaux sont libres dans mon champ délimité par de hautes haies. » Geronimo dit la bouche pleine : « Je sais ! Et mon père m’a transmis son savoir sur les chevaux. » Francisco se gratte la tête, baisse les yeux et pense tout bas : « Qu’est-ce que je suis en train de faire avec ce petit ? »

cowboy cheval

Geronimo et Francisco partent aux premiers rayons du soleil. Ils vont vers le nord-est dans cet immense champ qui va jusqu’au pied de la montagne. Ils marchent une bonne heure. Le ciel est à présent bleu, dégagé et ils n’aperçoivent pas trop loin, une harde de chevaux qui n’ont encore vu ni le propriétaire ni le petit garçon qui se sont cachés.

Francisco, qui adore les chevaux, dit : « Il est l’heure que tu prouves ce que tu as dit. Va, maintenant. »

Alors Geronimo s’avance tout doucement, le lasso dans la main. Il s’approche d’un jeune cheval qui broute sous un pin « Pignon du Colorado ». Il prépare son lasso. Il respire tout bas pour ne pas effrayer la bête, il marche doucement, mais d’un pas déterminé. Bientôt, il s’aperçoit que c’est une jeune jument, sa robe est miel des baies.

Il lève le bras et fait tourner en l’air le lasso. La jument lève la tête, hennit de surprise et part au galop. Le garçon soupire. « Mince, je l’ai loupée ! », dit-il. Francisco qui a observé la scène ne lui dit rien. Il se tait pour que le troupeau de chevaux ne s’en aille pas dans son entier. Geronimo revient derrière son buisson, la jument a disparu. Il se dit : « Ma technique n’est pas au point, mais avec un peu d’entraînement je suis sûr d’y arriver. »

Puis, Francisco le hèle doucement, mais assez fort pour qu’il puisse entendre. Geronimo se replie et va vers le propriétaire. « Viens, dit Francisco, allons derrière cette petite colline. » Et ils y vont.

Là-bas, Francisco montre au petit garçon une meilleure technique pour lancer le lasso. Il lui explique comment coordonner son geste avec sa respiration. Geronimo lance plusieurs fois le lasso en l’air.

Au bout de vingt minutes, le petit Indien a soif et est essoufflé. Il se tourne vers Francisco et lui dit : « Francisco, j’ai soif ! », en haletant.

Le propriétaire sort la gourde du sac préparé par sa femme. Geronimo boit quelques gorgées et s’assoit par terre pour se reposer un peu.

Il reste silencieux pendant dix bonnes minutes. Ensuite, il s’adresse ainsi à Francisco : « Vous verrez ! Je sais que j’y arriverai ! » « On verra ça ! », dit Francisco en souriant. Au fond de lui, le propriétaire est attendri, mais il ne le montre pas au petit Indien. Il est dur avec lui pour qu’il puisse apprendre l’art du lasso.

Geronimo tellement passionné par le sujet, demande à Francisco quelques conseils. « Quelle est la position exacte du bras ? » Francisco lui montre et ajoute : « Il faut qu’il soit bien tendu, mais souple à la fois. Viens, je vais te montrer. »

Les deux marchent pendant un bon moment en se cachant dans la forêt au pied de la montagne. « Regarde ce cheval noir, je vais le monter », dit Francisco. Il s’avance le lasso à la main. Il agit rapidement en lançant ce lasso autour du cou du cheval qui se met à se débattre.

Mais Francisco tient bon et réussit à monter le cheval qui a peur de cet inconnu. Francisco, en même temps, émet des sons pour le calmer : « Ohoohohoho ! Tout doux, tout doux ! Ohoohohoho ! » Le cheval se dresse sur ses sabots en se balançant d’avant en arrière, assez violemment afin de mettre ce cavalier à terre. Le cheval pense, énervé : « Purée !!! Il est gonflé ç’ui-là !!! Je me sens asphyxié par cette corde ! Va-t-il me tuer ? »

Au bout d’un quart d’heure, le cheval se calme. Francisco est si fatigué qu’il lâche du lest. Et c’est à ce moment-là que le cheval le surprend en sautant sur ses pattes arrière. Francisco se retrouve à terre, mais tout en sachant comment tomber en finesse. Le petit Indien n’intervient pas, il est tout nerveux et tortille ses mains sans bouger, il le fixe et le chef en sueurs se relève au bout d’une dizaine de minutes. « Tu vois, comme c’est dur, Geronimo ! »

Le petit Indien pense à l’apprentissage qu’il a eu avec son père. Il se souvient comment ce dernier lui a enseigné à être un bon cavalier sur un cheval sauvage en murmurant des paroles ancestrales indiennes.

Par exemple, le père du petit Indien lui a montré qu’en prononçant plusieurs fois le mot « Pluie », en langage apache, le cheval se calme, car il imagine l’humidité.

Puis se profile au loin, un autre cheval, moins jeune que le premier. Geronimo se souvient également, à ce moment-là, que son père lui a dit que pour attirer à soi un cheval sauvage, il fallait invoquer le soleil en répétant l’expression « J’ai à manger. »

Alors Geronimo se concentre et avec son cœur, il répète dans son for intérieur : « Soleil, j’ai à manger pour le petit cheval, là-bas. »

Le cheval en question aperçoit Geronimo et l’animal est guidé par le soleil qui est de bonne humeur aujourd’hui. Geronimo saisit une pomme mûre dans le sac de Francisco, tout en continuant à prier en s’adressant au soleil. Francisco l’observe attentivement, il se demande ce que fait le petit garçon.

Le cheval s’approche tout en restant très craintif, mais il est attiré par la pomme dont il peut sentir le parfum à distance. Ce parfum lui chatouille les naseaux et heureux, il hennit : « Bonjour, petit garçon, j’aimerais goûter ta pomme, s’il te plaît, donne-la-moi ! »

Geronimo s’avance et lui offre le fruit et il peut se mettre à caresser le cheval, doucement. Le cheval dit, la bouche pleine : « Mmmh ! Que c’est bon ! Succulent. En aurais-tu une autre ? » Le petit garçon rigole : « Tu es gourmand, toi ! »

Puis, il brandit une carotte. Le cheval avance sa bouche et Geronimo fait semblant de ne pas la lui donner. « Donne ! Donne-moi ! », hennit l’animal.

Le petit indien lui répond : « Je te la donne à condition que je puisse monter sur ton dos ! » Le cheval lui rétorque : « Ça n’est pas possible ! La nouvelle Lune n’est pas encore là ! » « Dans ce cas, répond le petit garçon, je ne te donne pas la carotte, il n’en est pas question ! » Il continue de caresser doucement le cheval qui éternue.

« Non, je ne peux pas, sinon je vais attirer les microbes ! », dit le cheval. Mais celui-ci sait pertinemment bien que s’il se laisse faire, il craint de ne pouvoir plus jamais quitter le petit Indien.

Mais le cheval réfléchit quelques instants et dit au petit Indien : « Dis-moi donc ! Comment t’appelles-tu ? » Le petit garçon lui répond : « Geronimo ! Et toi ? » « Pegasus comme la constellation ! dit le cheval fier. Si tu veux me dompter, ajoute-t-il, tu dois m’assurer que j’aurai toujours des pommes et des carottes à manger et ceci, chaque fois que je le désire. »

Geronimo réfléchit à son tour. Il se retourne vers Francisco qui observe la scène sans rien comprendre. Celui-ci est abasourdi. Le petit garçon lui dit : « Francisco, peux-tu me garantir que tu auras toujours des pommes et des carottes pour Pegasus ? »

L’Espagnol, qui ne comprend que quelques mots d’apache, n’a pas saisi la conversation entre l’animal et le petit garçon. « J’ai plutôt du pain. », dit Francisco en présentant un ballon à ses deux interlocuteurs. Geronimo va le chercher et le tend au cheval. Celui-ci le prend dans sa bouche, mastique un moment et dit : « C’est bon, ça. Je n’avais jamais goûté. Qu’est-ce que c’est ? »

Geronimo lui explique : « Cela vient d’une plante qui produit des épis de graines, ensuite on transforme les graines en farine, on fait une pâte avec et on la cuit au four. Avant les Espagnols, y en avait pas ici. C’est bon, n’est-ce pas ? » Sans le savoir vraiment, le petit Indien assure le cheval que Francisco a des tonnes de pain.

« Je peux te monter, maintenant ? », dit Geronimo. « Mais je vais perdre ma liberté, t’es fou ou quoi ?!! », répond le cheval. « Mais je te bichonnerai tous les jours ! Tu seras très bien traité et nous formerons une bonne équipe ! Tu peux me faire confiance et je te ferai découvrir d’autres horizons. », dit Geronimo qui est sincère pour convaincre Pegasus.

« Est-ce que je peux avoir encore quelque chose à manger ? », demande le cheval. Cette fois, Geronimo s’empare de la besace de Francisco qui les observe toujours en restant silencieux.

Le petit Indien sort le deuxième pain et le donne au cheval. Les deux dompteurs de chevaux n’auront pas à manger ce midi…

Pendant que le cheval mange le ballon de pain, Geronimo se hisse sur son dos et le caresse longuement. Geronimo attend patiemment.

Au bout d’une bonne dizaine de minutes, Pegasus se rend compte que le petit Indien est sur son dos et que celui-ci ne cesse de le caresser et il aime. Geronimo lui dit : « Allons faire un tour, tu veux bien ? »

Le cheval acquiesce et alors qu’ils s’apprêtent les deux à partir, Francisco sort de son mutisme, tout à coup : « Bravo mon garçon ! Tu as rempli le contrat avec brio ! » Geronimo, fier, l’informe : « Attends, ça n’est pas fini ! Ça ne fait que commencer. »

Pegasus et Geronimo partent en promenade et Francisco monte la voix : « Mais quand tu reviens ? Ne t’enfuis pas ! » « Attends-moi là, bois un peu d’eau. »

Le cheval et le petit Indien vont tranquillement jusqu’à une fosse sismique. Geronimo contemple l’horizon. La Terre se met à trembler légèrement, tout à coup. Geronimo et le cheval se protègent mutuellement. Pegasus lui dit : « N’aie pas peur. » Et Geronimo de répondre : « Toi non plus ! »

chevaux

À suivre…