logo facebook

Quatre incendies en deux jours à la rue des Caroubiers 7

le dimanche, 26 août 2018. Publié dans Actualités, 10 ans

Photo principale

En 2011, la Fondation Foyer-Handicap a été frappée par des incendies criminels. Synergies avait réalisé un dossier, dans sa dernière parution papier, sur cet événement tragique n’ayant heureusement pas fait de victimes.

Rappel des événements
Lundi 17 octobre 2011, à 13 h 45, une fumée noire s’échappe des sous-sols de la résidence Gabrielle Sabet. Sur place, les pompiers maîtrisent rapidement le sinistre. A peine rentrés à la caserne, les hommes du SIS sont rappelés à la même adresse. Cette fois-ci, c’est un local technique situé au troisième étage qui est la proie des flammes. À l’aide de deux échelles, les sapeurs sécurisent à nouveau les lieux et domptent rapidement le sinistre. Mardi 18 octobre 2011, à 12 h 30, c’est une nouvelle fois au sous-sol que le feu a pris. Les pompiers sont intervenus rapidement. Mais le répit a été de courte durée pour les sapeurs du Service d’Incendie et de Secours de Genève. En effet, quelques heures après leur première intervention, c’est un tas de linge qui s’est embrasé au deuxième étage de la résidence. Le sinistre a rapidement pu être maîtrisé. Des sapeurs volontaires ont alors remplacé les hommes du feu du SIS. Les sauveteurs auxiliaires de la ville de Carouge étaient également massivement sur place. Par chance, personne n’a été blessé lors de ces incendies.

Des dégâts importants
Les caves de l’atelier et de la résidence sont très endommagées. Au troisième étage, beaucoup de dégâts sont causés par la fumée. Pour Nicolas Morisseau, responsable de la RGS, ces événements restent traumatisants : « Nous avions l’impression d’être dans des zones de guerre. Certains soignants, présents depuis de nombreuses années, pleuraient devant ce triste spectacle. Ils ne reconnaissaient plus leur résidence. » Une grande partie du matériel entreposé dans les caves est inutilisable. D’importants travaux de réfection et de nettoyage sont immédiatement entrepris et sont en voie d’être terminés. Pour la résidence, il a fallu changer tout le système de détection d’incendie. La rénovation du système électrique, des plafonds et de la peinture du troisième étage est achevée. Tous les résidents ont pu regagner leur studio.

Les Caroubiers déjà victimes du feu en 2010
Carouge a subi plusieurs sinistres intentionnels le week-end du 20 février 2010. Foyer-Handicap n’a pas été épargné. En effet, dans la nuit du 19 février, un incendie criminel a eu lieu à l’extérieur de la cafétéria de l’atelier des Caroubiers. Des chaises plastiques entreposées sur la terrasse ont été incendiées contre la paroi vitrée de la cafétéria. La chaleur du feu a provoqué l’explosion des vitres et les flammes se sont engouffrées à l’intérieur du bâtiment. Heureusement, il n’y a eu que des dégâts matériels, qui ont cependant nécessité le déplacement provisoire de certains secteurs d’activité. Le retour à la normale a eu lieu début janvier 2011.

Les incendies
Le deuxième incendie qui a touché le cœur de la résidence, provoquant les dégâts les plus importants, a fait très peur à Nicolas Morisseau : « J’étais au troisième étage, j’entendais les flammes crépiter, mais je ne savais pas où elles étaient. Je ne voyais plus rien à cause de la fumée très dense. » Jean-Paul Schauenberg, résident du cinquième étage de la RGS, a eu la peur de sa vie lors du deuxième incendie du lundi après-midi : « Il y avait trop de fumée pour utiliser les escaliers. J’ai donc dû être évacué depuis mon balcon par les pompiers dans la nacelle de leur grande échelle. Imaginez ma peur, car j’ai un vertige immense. » Sa passion pour la photo l’a aidé à diminuer son angoisse : « J’ai sauvé mon appareil photo sans même penser à prendre ma veste. J’ai pris quelques clichés depuis la nacelle. » Durant l’incendie, Jacqueline Emonet se trouvait sur son balcon au troisième étage. Elle ne s’est pas inquiétée en entendant les sirènes des pompiers qui arrivaient. Elle ne se rendait pas compte de la situation réelle. Un pompier sur la nacelle de la grande échelle arriva à la hauteur de son balcon pour la rassurer. Tranquillisée, Jacqueline s’est endormie en prenant le soleil ! Plusieurs sentiments ont habité Christian Duvillard, responsable de la sécurité, tout au long de ces incendies : « Au début, j’étais confiant, car la situation était sous contrôle, ensuite je me suis senti impuissant, je ne comprenais plus, je me demandais jusqu’à quand cela allait durer. » Ensuite, c’est de la colère : « Qui peut en vouloir à notre Fondation à ce point-là ? » et finalement de la tristesse de devoir sécuriser un lieu de vie qui : « Ne sera plus jamais comme avant ! »

La sécurité avant tout
« J’aurais préféré être avec vous », explique Claudia Grassi qui était en vacances durant ces graves événements. Cependant, elle était en contact téléphonique permanent avec notre Président, Pierre Hiltpold et les autres responsables de la Fondation. « Dès le troisième incendie, nous n’étions plus dans le contexte d’un incident technique, il se passait autre chose. Nous avons alors décidé de mettre les gens en sécurité et d’évacuer toute la résidence », souligne-t-elle. Grâce à la très bonne collaboration du personnel de la RGS, du service logistique, du service des transports, des moyens auxiliaires et de la direction, l’évacuation des 24 résidents s’est déroulée rapidement le mardi 18 en fin de journée. « Le personnel nous a avertis que l’on allait être évacués. Personnellement, je ne le voulais pas, car je ne me rendais pas compte de ce qui se passait à l’extérieur de mon studio. Ce n’est qu’en sortant de chez moi que j’ai vu la gravité de la situation », raconte Jacqueline Emonet.

Un accueil chaleureux
Tous les résidents sont relogés dans les différents sites de la Fondation ainsi qu’à Aigues-Vertes. Ils sont tous chaleureusement reçus dans les résidences d’accueil. « Malgré la précarité de l’hébergement et un bouleversement des habitudes, une grande solidarité entre chaque résident, mais aussi avec les équipes soignantes s’est spontanément mise en place », souligne Nicolas Morisseau. « Des scènes très émouvantes ont eu lieu, par exemple, un résident qui réconforte un soignant sur le point de craquer », rajoute-t-il. Jacqueline Emonet a été recueillie durant trois semaines à Yamani et a beaucoup apprécié l’accueil. Malheureusement, elle est complètement dépendante, car son « James (contrôle de l’environnement) » ne fonctionne pas en dehors de son studio de la RGS. Pour Monique Blin et Silvano Covini, relogés à Aigues-Vertes en pleine campagne, la situation est plus difficile : « Nous étions dans un appartement peu adapté à nos handicaps et nous nous sentions isolés du reste du monde. »
Malgré toutes ces difficultés, la direction relève avec reconnaissance les capacités d’adaptation des personnes : « chacun a su faire émerger des nouvelles potentialités tant au niveau logistique qu’en termes relationnels et d’autonomie dans les actes de la vie quotidienne. L’ensemble du personnel a été particulièrement sollicité et a fait preuve d’un engagement sans faille. » Tout le monde a su trouver et donner le réconfort nécessaire dans ces situations imprévisibles et éprouvantes.

Le retour
Un contrôle plus sévère des entrées et sorties des personnes est mis en place. Dans un premier temps, un Securitas est présent 24 heures sur 24. Puis des caméras de surveillance et un système de badges individuels avec photos sont instaurés (voir encadré page 3). Un réaménagement de la réception s’avère nécessaire. Paradoxalement, le retour des résidents, bien que parfaitement planifié, a été plus difficile que le départ qui s’était fait dans l’urgence. « Chacun pensait retrouver son studio comme avant et reprendre tout de suite la vie normale. Cela n’a pas été le cas pour les locataires du troisième étage qui n’était pas encore habitable. Ils ont dû être provisoirement logés au cinquième. Certains résidents restent encore inquiets et angoissés. Ils sont stressés par tous les bruits ou toutes les odeurs qui leur rappellent l’incendie », précise Nicolas Morisseau.
Pour Jean-Paul Schauenberg, le retour est difficile : « J’appréhende encore de rentrer dans le bâtiment. J’ai peur et je ne me sens pas en sécurité malgré le Securitas à l’entrée. Il y a encore beaucoup trop de mouvements de personnes. Je n’arrive pas à passer le cap. »
Aidan Jowett, résident RGS au 4e, se sent plus en sécurité avec l’installation des caméras et la présence du Securitas : « Si un voyou passe par là avec des allumettes, il sera tout de suite identifié. Cependant, le son strident de l’alarme incendie est resté gravé dans ma tête.
Actuellement je stresse chaque fois que j’entends un bruit similaire. » Aidan estime que les soignants ont bien réagi à ces situations inattendues. Et dans le cas d’un nouvel incendie, ils pourront intervenir encore plus rapidement. Un système d’alarme efficace. Pour Christian Duvillard, responsable de la sécurité, ces événements ont démontré que « nos installations de détection incendie ont parfaitement fonctionné. Le personnel est bien formé et a correctement réagi. » Il souligne que grâce à une organisation adéquate, « il n’y a eu aucun blessé, à l’exception de Fernando Cal Suarez, maître socioprofessionnel, qui a été légèrement incommodé par la fumée ». Les exercices d’évacuation ont démontré « qu’il est préférable de mettre les résidents dans les studios côté route plus facilement accessibles par les grandes échelles des camions des pompiers que ceux du côté cour. »
Une enquête est en cours. « Comme avec les pompiers qui ont très bien fait leur travail, il faut faire confiance à la police qui va gérer au mieux cette affaire », estime Claudia Grassi. Pour elle, ces incendies n’ont aucun rapport avec celui du 19 février 2010 : « A cette époque d’autres incidents avaient eu lieu simultanément dans le quartier. »

Intervention des pompiers
Pour le Capitaine Michel Bernard, 36 ans de métier, chef de l’unité des SIS (Service d’Incendie et de Secours) et qui a dirigé les quatre interventions aux Caroubiers, tout s’est bien passé. « La direction et le personnel de la Fondation ont fait preuve de beaucoup de sang-froid. Il y a eu une excellente collaboration avec les pompiers. Tout le monde a été exemplaire. Personne n’a cédé à la panique », souligne-t-il. Lors d’une intervention telle que les incendies des Caroubiers, la procédure se nomme « évacuation hospitalière ». L’évacuation prend plus de temps. La logistique est plus importante. Elle prévoit des bouteilles d’oxygène en plus ainsi que des chaises. Parfois il faut 3 à 4 pompiers pour évacuer une personne à mobilité réduite. Si une personne est alitée, un pompier reste auprès d’elle pour la rassurer. Les pompiers gardent un contact visuel par la fenêtre et parlent avec les personnes qui sont dans l’immeuble afin de les rassurer. Le Capitaine Bernard va dans ce sens : « Il ne faut pas céder à la psychose. Il n’y a pas plus de risques aux Caroubiers qu’ailleurs ! »


Galerie photo


Les habitants du 4e sont évacués par la grande échelle.
Les résidents de la RGS sont rapidement relogés à Yamani, à Aigues-vertes, au Petit-Lancy et aux Voirets.
Les résidents de la RGS sont rapidement relogés à Yamani, à Aigues-vertes, au Petit-Lancy et aux Voirets.
Les résidents de la RGS sont rapidement relogés à Yamani, à Aigues-vertes, au Petit-Lancy et aux Voirets.
Les résidents de la RGS sont rapidement relogés à Yamani, à Aigues-vertes, au Petit-Lancy et aux Voirets.
Intervention du mardi 18 octobre 2011.
Des dégâts considérables au sous-sol.
Le troisième étage de la résidence, après le deuxième incendie.
Une partie de l’équipe de Synergies, accompagnée du Capitaine Bernard, pose devant une autopompe qui peut contenir 2’500 litres d’eau.