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Mes 30 ans de lutte contre le SIDA

le lundi, 23 juillet 2018. Publié dans Actualités, 10 ans

Patrick Pillet, dans son studio de la Résidence des Voirets
  • 300 000 comprimés avalés en 30 ans
    300 000 comprimés avalés en 30 ans
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    En vacances aux Maldives en 1997

Patrick Pillet, membre de la rédaction de Synergies et résident à la Résidence des Voirets, nous a quittés le 3 mars 2014. Son témoignage dans les pages du journal n°12, en 2011, avait particulièrement touché ses collègues rédacteurs.

Patrick Pillet combat le SIDA depuis de nombreuses années. Il est actuellement résident aux Voirets et membre de la rédaction.

Avec l’équipe de la rédaction du journal, nous avons visionné un reportage sur les 30 années de guerre livrée contre le SIDA ou HIV, comme le nomme le milieu médical. Je me sens concerné, car je suis atteint de cette maladie.

En 1982, j’avais 21 ans et j’étais toxicomane. À l’armée, nous avons reçu l’ordre de faire don de notre sang à l’hôpital cantonal de Genève. Une dizaine de jours plus tard, je reçois une lettre signifiant mon état de santé : j’étais porteur du virus du SIDA ! Mon employeur est informé et, malgré mes cinq ans de service comme chauffeur-livreur dans sa boulangerie, il me licencie sur-le-champ. Je suis dès lors mis à l’AI et au ban de la société. Ce fut pour moi un vrai coup de massue. Une lettre a suffi pour que tout le monde me considère comme un vecteur d’épidémie. Je suis passé des traitements simples aux trithérapies.

Une simple prescription comporte 22 comprimés à prendre tous les jours. À l’époque, il y avait un protocole très contraignant et beaucoup d’effets secondaires comme la perte des cheveux, des dents, des vomissements et des nausées. Actuellement, il suffit de 2 prises de médicaments avec très peu d’effets secondaires.

Je ne peux pas arrêter la prise de médicaments sans quoi le SIDA redouble de virulence et les infections reprennent. La septicémie (empoisonnement du sang), l’endocardite (maladie au cœur, infection des valves), la broncho-pneumonie (poumons et trachée), la myélopathie (infection dans la moelle épinière), la polyneuropathie (infection des terminaisons nerveuses du cervelet) m’ont conduit aux soins intensifs et auraient dû me terrasser. J’ai été hospitalisé 10 ans à Loëx. Depuis le 5 avril 2009, j’habite à la Résidence des Voirets où la vie est plus détendue et où je me sens libre.

Je pense qu’il faut une formidable envie de vivre pour ne pas succomber. Je résiste depuis presque 30 ans. Toutes mes relations ont succombé à la maladie. Suis-je pour autant un miraculé ? Je ne le crois pas. Et advienne que pourra, en étant paraplégique je suis toujours de ce monde en 2011. D’ailleurs à la Résidence, on m’appelle « Highlander », l’immortel d’après le film de science-fiction du même nom.

Le SIDA fait moins peur et les personnes se protègent moins. Genève est le canton qui compte le plus de nouveaux cas par année chez qui on a diagnostiqué l’infection.

Ne suivez pas mon exemple, protégez-vous, sortez couverts !

Patrick Pillet

 

Le Saviez-vous ?

SIDA : Syndrome d’Immunodéficience Acquise 
Très grave maladie virale transmissible par voie sexuelle et sanguine, caractérisée par une chute brutale des défenses immunitaires de l’organisme. Appelé également HIV.

Tri-thérapie 
Médicament qui résulte de l’association de trois molécules qui, ensemble, combattent plus efficacement le virus.

À l’étranger 
Dans les pays suivants, les malades du SIDA sont «interdits d’entrée sur le territoire national, même en tant que touriste» : Arabie saoudite, Arménie, Brunei, Corée du Sud, Irak, Moldavie, Qatar, Russie, Soudan, Canada, Libye. Aux États-Unis, l’interdiction a été levée par l’Administration Obama en janvier 2010. La Chine a procédé de même en avril 2010. Pour voyager à l’étranger il faut une lettre de l’Office Fédéral de la Santé qui stipule que la personne est en traitement et qu’elle a besoin de ses médicaments.

Le SIDA — stop aux idées reçues 
Il existe trois modes de contamination et aucun autre !
  • Le virus se transmet pendant les relations sexuelles.
  • L’échange de seringues entre toxicomanes expose à la contamination de façon quasi certaine si l’un des deux porte le virus. Attention aussi aux tatouages, piercings qui sont parfois réalisés avec des aiguilles usagées.
  • Une femme enceinte et porteuse du virus peut le transmettre à son enfant. Pour protéger leur enfant, les femmes séropositives doivent bénéficier d’une prise en charge médicale pendant leur grossesse. Lors de l’accouchement, une césarienne peut être programmée.

La contamination peut donc se faire d’homme à homme, d’homme à femme, de femme à homme ou de femme à son bébé.

Il n’y a aucun risque de contamination dans les cas suivants :

  • Échanges de vêtements avec une personne contaminée.
  • Partager la nourriture d'une personne séropositive.
  • Serrer la main d'une personne malade.
  • Embrasser une personne atteinte.
  • Nager dans une piscine publique.
  • Partager les toilettes d'une personne porteuse du VIH.
  • Se faire piquer par un moustique.